Enjeux et perspectives sociales 2015

Les éléments présentés dans cet ouvrage apportent une meilleure compréhension des publics en situation de vulnérabilité. Les cinq articles de cette publication mettent ici en exergue l’hétérogénéité des situations sociales recouvertes par l’illettrisme et l’absence de savoirs de base, la monoparentalité, les maternités avant 21 ans, le recours aux minima sociaux et à la CMU-c ou l’absence de chez soi. Les constats établis et les réflexions proposées rendent possible un ciblage de l’action publique comme, par exemple, en matière de repérage et d’accompagnement des jeunes mères isolées dès la déclaration de grossesse.

La démarche scientifique adoptée par la POSS-LR consiste à confronter les concepts théoriques, l’observation statistique et l’action de terrain ; ce triptyque permet de bien appréhender les questions sociales. Cette démarche se traduit dans les ateliers organisés par la POSS-LR par la diversité des intervenants, spécialistes, décideurs, universitaires, statisticiens, travailleurs sociaux, etc. Elle sous-tend chacun des travaux ici présentés. Les cinq articles s’appuient sur les différentes activités de la POSS-LR : recueil et traitement des données, organisation d’ateliers thématiques et études.

Les maternités avant 21 ans 

Ce premier article, consacré aux mères de moins de 21 ans, propose une actualisation des données sur les maternités précoces et reprend les principaux résultats de l’étude publiée en  2011. Une typologie des jeunes mères en fonction de divers critères sociodémographiques (présence du père, niveau de qualification, activité professionnelle...) en cinq profils permet de mesurer l’hétérogénéité des situations qui vont des « adolescentes, mères par accident, isolées et sans ressources » aux « jeunes actives, diplômées et bien entourées ». Cette étude souligne en particulier les situations de vulnérabilité rencontrées par certaines jeunes mères.

Les difficultés sociales liées à la monoparentalité

Sont ici repris les principaux propos des quatre intervenants de l’atelier sur la monoparentalité, organisé en octobre 2014. Après l’évocation des fondements sociologiques de la monoparentalité et la caractérisation statistique des familles monoparentales en  Languedoc-Roussillon, la synthèse proposée présente l’action de la Caf de l’Hérault auprès des foyers monoparentaux au travers des prestations légales versées mais aussi des dispositifs d’action sociale propres à cet organisme. Il apporte enfin un éclairage qualitatif à partir de deux portraits de vie rapportés par l’École des parents et des éducateurs de l’Hérault.
Ce panorama permet de mieux appréhender la monoparentalité, fréquente en Languedoc-Roussillon, qui est parfois signe de précarité puisque quatre foyers monoparentaux sur dix se situent en dessous du seuil de pauvreté.

Un fort recours aux minima sociaux

Sur un plan plus général, il s’agit ici de traiter du dénombrement des bénéficiaires de minima sociaux dans la région à partir des données fournies par le système statistique public mais aussi des informations collectées et traitées localement par la POSS-LR. Le Languedoc-Roussillon cumule une forte densité d’allocataires de minima sociaux et une forte progression de leur nombre. Pour autant, l’importante mobilisation des dispositifs pour atténuer l’intensité de la pauvreté ne touche pas un certain nombre de personnes éligibles aux prestations sociales. Aussi, l’article est complété par une synthèse de l’atelier de la POSS-LR consacré au non-recours et par une présentation de quelques actions actuellement conduites en région pour faciliter l’accès aux droits.

Les personnes « sans chez soi »

Une démarche d’étude expérimentale est actuellement menée par la POSS-LR sur les personnes sans hébergement stable à Montpellier. C’est une première tentative d’appréhension des formes de privation d’un logement qui nécessitent un recours à la « domiciliation » administrative, à l’hébergement social ou à un hébergement à titre gratuit par un tiers déclaré. Les individus ainsi étudiés correspondent à la notion de personnes « sans chez soi ». La quantification et la caractérisation sociodémographique proposées résultent d’une exploitation originale de bases de données des services de domiciliation et des organismes de sécurité sociale. Elle permet d’estimer à environ 8 000 le nombre de personnes sans chez soi sur Montpellier, soit environ 3 % de la population communale. Cette étude s’appuie notamment sur des travaux scientifiques comme la typologie EtHOS, proposée en 2005 par la Fédération européenne des associations nationales travaillant pour les sans-abri. 

L’illettrisme et l’absence de savoirs de base

Le dernier article dresse un état des lieux de l’illettrisme et de l’absence des savoirs de base en Languedoc-Roussillon. Ce phénomène est d’importance et facteur de précarité et d’exclusion dans la région. Entre 160 000 et 180 000 personnes seraient directement concernées par l’absence de maîtrise des savoirs de base, dont environ 100 000 personnes en situation d’illettrisme. Au-delà de ce chiffrage, l’article met l’accent sur les politiques d’intervention structurées selon les publics visés pour lutter contre l’illettrisme.